ACTE 4 : Les ermites de San Benet
Mercredi soir 04.05.2022
Réunion à 21h30 d'une majorité des Tradeuses (Julie, Jeanne, Laurie, Lourdes, Nadia, Roxane, Virginie) sur le parking de Monistrol de Montserrat pour la préparation des sacs, dont deux sacs de hissage de 70L, et la répartition du matériel et de la nourriture: nous sommes parties pour quatre jours d'autonomie. Arrivée au refuge de Sant Benet à 23h30.
Jeudi 05.05.2022
Réveil à 7h30 au-dessus d'une impressionnante mer de nuages qui recouvre toute la vallée.
Nous partons à la découverte du conglomérat de Montserrat à la Prenyada (la femme enceinte en catalan). La cordée Laurie/Julie/Nadia s'embarque dans Cerdà-Pokorski (135m, 6b ou V+/A1) et deux cordées (Roxane/Virginie, Jeanne/Lourdès) dans Esperó Màgic (110 m, V+). Objectif pour ces longueurs : se remettre les manips de grandes voies en tête et faire des relais aussi propres et efficaces que possible.
Lourdès et Jeanne font leur première expérience de la nature paumatoire des voies, induisent la cordée Roxane/Virginie en erreur, mais toutes rattrapent leur itinéraire. Cette première grande voie est l’occasion pour Lourdes de faire preuve d’une véritable ingéniosité catalane pour protéger ses longueurs pendant que Laurie apprend à se battre avec la couture d’une sangle. Redescente en rappel de toutes les voies, sur le côté du gros ventre de la Prenyada.
Faisant preuve d'un grand esprit d'équipe
malgré quelque réticence, Virginie et Roxane partagent leur pain et leur avocat
avec l'autre cordée d'Espero Màgic, puis Lourdès rencontre des amis (quel petit
monde que celui des grimpeurs catalans!) qui nous conseillent des couennes à
côté de l'ermita de la Santissima Trinitat. Nous avons tout juste le temps de
grimper quelques voies avant les premières gouttes, puis rentrons au refuge
pour discuter du plan pour les deux prochaines journées. Plusieurs parois (dont
la Paret del Diables) sont inaccessibles jusqu'à samedi, car on cherche encore
à confirmer l'emplacement du nid du couple des faucons pèlerins de Montserrat.
La journée se clôturera par un délicieux repas purée en poudre-parmesan-jambon,
adopté à l'unanimité pour nos prochaines sorties.
Vendredi 06.05.2022
L'objectif du jour, c'est le mythique Cavall Bernat, doigt de roche caractéristique de Montserrat. Début de la grimpe vers 10h.
Virginie et Roxane et deux Snickers s'élancent
dans la Gran Illusio (225m, 7a+ ou 6b ob.), une grande voie sportive sur la
face NE du Cavall et qui commence par deux longueurs de dalle puis se redresse
progressivement dans des longueurs soutenues jusqu'au sommet.
Le reste de l'équipe s'engage dans la Puigmal
(250m, 7b ou 5c ob.), une grande voie face E qui suit d'abord de moyennes et
larges fissures, puis qui finit par deux longueurs équipées. La première cordée
qui ouvre l'itinéraire dans la Puigmal est composée de Nadia, Lourdes et
Laurie... et le fameux PETATE, hissé contre son gré ainsi que celui de hisseuses
et qui participera activement à l'élaboration de sacrés paquets de nouilles
entre toutes les cordes.
Réunion au sommet de toutes les cordées à
18h30, puis redescente en rappel sur le versant S. On ne redescend pas
complètement au fond de la vallée, le long du sentier GR, mais on reste sur un
sentier balisé en jaune qui nous ramène au Coll de Sant Salvador puis au
refuge. C'est à la fin de cette grosse journée que nous quitte Laurie.
Samedi 07.05.2022
Ça y est, le secteur de protection du biotope
est fixé, on peut aller tâter les voies qui sillonnent les toits oranges de la
Paret del Diables! Départ de la première à 10h30. Recomposées en de nouvelles
cordées, les Tradeuses vont de nouveau se répartir sur deux grandes voies,
après deux longueurs communes dans cheminée classique, où des verrous de corps
entiers sont largement justifiés. Julie, Lourdes et Virginie continuent ensuite
dans la Sanchez-Martinez (290m, 7a ou 6a ob.) Flash info de Lourdès: quel est
le nom de famille le plus répandu de France? Garcia. (Une toute petite enquête
de vérification sur Wikipédia a révélé que c'était en fait Martin, suivi de
Bernard suivi de...Thomas! Le savais-tu, Julie?)
Nadia, Roxane, Jeanne et... el PETATE partent
dans la Indirecta (300m, 6c ou V+ ob.), un amalgame de plusieurs voies qui
parcourent la Paret del Diables. Elle est composée de très belles longueurs qui
suivent des fissures tout le long. On fait des relais sur deux goujons, ou
trois friends, ou cinq burils et dans tous les cas, on triangule, on pendouille
et on HISSE!
Une synchronisation quasi-parfaite entre les
cordées nous amène au sommet à…21h ! On fait donc la photo de l’équipe au
complet sous les rafales de vent puis vite vite, on essaie de descendre avant
la tombée de la nuit. Mais l’itinéraire n’est pas si simple à trouver, c’est le
crépuscule, il ne faut pas se perdre. Heureusement, un groupe de fêtards vient
à notre rencontre pour nous remettre dans le droit chemin, puis nous
redescendons sur le GR direction Sant Benet où nous savons qu’un délicieux
repas préparé par Eva et Efren nous attend. Nous arrivons donc au refuge à 23h,
récompensées par la dégustation d’un plat chaud tout prêt de lentilles et de
riz !
Dimanche 08.05.2022
Aujourd’hui, on se remet des émotions des deux
derniers jours : on se prélasse donc au soleil et on prend un copieux petit
déjeuner pour essayer de finir le maximum de nourriture emportée. C’est aussi
l’occasion de faire le point entre nous ainsi que d’apprendre la différence
entre les différents amarrages de rocher.
Mais nous sommes à Montserrat, donc il ne faut pas en perdre une miette ! Sur la suggestion d’Eva, nous allons faire le Dièdre Gris à la Panxa del Bisbe (le ventre du moine en catalan), une voie entièrement en trad qui est pour nous une dernière occasion de poser nos friends dans le conglomérat de Monserrat. Et au soulagement général, el PETATE reste à la maison : OUF !
On ne traîne pas trop non plus, il est temps
de hisser les sacs sur le dos et de redescendre à la civilisation. On fait le
tour du refuge, on emballe tout et l’on retourne en vingt minutes au monastère
de Montserrat. Malgré toutes nos vérifications, on se rend compte que Lourdès à
oublier une partie de son cœur quelque part en chemin. Il faudra donc revenir…
Par Jeanne Methel pour les Tradeuses
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